Cette question peut paraître saugrenue et surtout pas très encourageante, certes, mais il est tout de même utile de rappeler que les sauts sont la première cause, et de loin, des accidents en canyon... Alors on a certainement tous à se mobiliser, amateurs et professionnels, pour réduire cet état de fait et profiter au mieux de cette activité estivale, si dépaysante et si rafraîchissante !
Et aucun doute que des mesures simples et de bon sens existent, sans être toujours bien appliquées... D'abord il faut tordre le cou à l'idée qu'un saut est forcément obligatoire. A part dans de très rares canyons sauvages et non équipés, la quasi totalité des sauts peuvent s'éviter en effectuant une descente sur corde. Il suffit de la poser sur le relais adéquat, il faut si besoin la demander au professionnel ou au leader du groupe, même sur un saut de faible hauteur. Dans certains cas aussi, le saut est tout simplement évitable sans corde, en contournant l'obstacle, via une descente à pied ou une désescalade facile. A CORDEO, les moniteurs s'efforcent de choisir des parcours progressifs : une évolution adaptée à chacun, permettant d'évoluer en sécurité, avec une maximum de confiance et de plaisir.
Il est important de rappeler que la hauteur du saut est un élément important à prendre en compte : même si la réception est confortable, vasque large et profonde, c'est l'impact à la surface de l'eau qui est le plus risqué et qui peut générer de réels traumatismes, principalement au dos. On estime qu'au delà de 5 mètres de haut, il faut être particulièrement attentif. Si la position du corps est bonne, verticale et groupée lors de l'arrivée, on limite bien sûr les problèmes. Là encore, il faut bien avoir compris les consignes et ne pas hésitez à les redemander... En sachant que la hauteur n'est pas le seul paramètre en jeu : les zones de départ et d'arrivée sont parfois délicates à gérer, glissantes ou étroites : on reste dans en environnement naturel, pas dans une piscine !
Vous l'aurez compris, le saut en canyon demande une certaine maîtrise technique, de l'expérience, mais aussi un recul sur sa propre condition physique. En particulier d'éventuels problèmes au dos, car c'est sans aucun doute la partie du corps la plus exposée et sollicitée lors d'un saut. Là encore, il est indispensable de signaler vos antécédents aux personnes en charge de vous accompagner et, si besoin, de demander préalablement avis à votre médecin. Le plus important étant de savoir dire non, d'accepter aussi qu'un plus expérimenté vous dise non, même si vous voulez absolument faire ce saut, comme le reste du groupe par exemple (situation bien connue !)... Avoir conscience de ses limites est gage de sérieux et il en faut en canyoning, comme dans toutes les activités "verticales" ! Vous pourrez alors découvrir les paysages somptueux des canyons, partager des moments inoubliables dans cet environnement de roche et d'eau...
Bertrand Lagrange