Pour l’escalade comme pour tous les autres sports, l’appellation « moniteur » est devenu un terme générique, qui recouvre pourtant deux types d’enseignant bien distincts : l’amateur et le professionnel, ce dernier étant bien sûr rémunéré, contrairement au premier. Ce n’est toutefois pas la seule différence. En effet, l’État français, via le Ministère des sports, réglemente depuis plusieurs décennies l’activité d’« éducateur sportif », autrement dit de moniteur professionnel. Une carte délivrée par la Préfecture est indispensable pour exercer ce métier, la délivrance de ce précieux sésame étant avant tout conditionnée par la possession d’un diplôme reconnu. Alors, pour l’escalade, quel(s) diplôme(s) sont-ils officiellement reconnus ? Autant le dire tout de suite : beaucoup ! Et sans doute déjà beaucoup trop… Du « guide de haute-montagne » au premier « brevet d’état d’escalade » en passant par le « licencié STAPS mention entraînement » ou le « brevet professionnel option escalade » jusqu’aux deux actuels « diplômes d’état d’escalade » : n’en jetez plus, la coupe est pleine ! Et encore, j’en oublie quelques-uns…
Alors, certes, tous n’ont pas les mêmes compétences (« ce que je sais faire ») ni les mêmes prérogatives (« ce que j’ai le droit de faire »), mais il faudrait bien plus d’une news pour expliquer suffisamment clairement et précisément les différences entre les uns et les autres… Citons pêle-mêle la limite d’altitude de 1500 mètres, le temps de formation qui va du simple au décuple, l’initiation pour les uns, l’entraînement pour les autres, les sites sportifs d’une longueur pour ceux-ci, les grandes voies et le terrain d’aventure pour ceux-là… Bref, vous l’aurez compris, difficile de s’y retrouver ! Et ce n’est peut-être pas fini, puisqu’un énième diplôme d’escalade pourrait voir le jour cette année… Pourtant le syndicat professionnel du secteur, le SNAPEC (Syndicat NAtional des Professionnels de l’Escalade et du Canyon) tente depuis une bonne vingtaine d’années de s’opposer à cet éclatement des diplômes professionnels, en expliquant qu’une activité comme l’escalade, avec de forts enjeux sécuritaires, nécessite une formation solide pour tous, quels que soient les terrains de pratique ainsi qu'une culture aprofondie de l'activité pour l'enseigner. Mais, en face, la fédération délégataire, la FFME (Fédération Française de la Montagne et de l’Escalade) ne l’entend pas de cette oreille. Selon elle, les besoins croissants de ses clubs en professionnels justifient une formation moins exigeante côté compétences et prérogatives, et aussi moins sélective à l’entrée.
Un nouveau diplôme est donc demandé par la FFME en cette année 2022 : cette fois-ci le « titre à finalité professionnelle de moniteur d’escalade ». Peut-être encore un moniteur, et ce sera même écrit dans l’intitulé de son diplôme ! Mais, vous l’aurez compris dans cette histoire, « l’habit ne fait pas le moine », surtout que cette nouvelle formation est annoncée bien courte, avec un niveau d’entrée particulièrement bas… Rien ne dit que ce projet aboutira, c’est vrai, si ce n’est que – fait nouveau – la demande de la FFME est cette fois appuyée par un réseau national de salles d’escalade privées et commerciales, avec peu ou proue les mêmes attentes que la fédération. À CORDEO, on reste dubitatif : s’il est vrai que l’escalade se développe d’année en année (ce dont on se réjouit) et que les besoins en professionnels sont tout autant une réalité, répondre à ces enjeux ne doit pas se faire au détriment de la qualité de la formation, avec des diplômes au rabais… Outre la sécurité et la qualité de nos enseignements, se pose la question de la lisibilité de notre secteur professionnel dans son ensemble, mais là, je crois que vous aurez compris que ce n’est pas gagné ! Comme nous le faisons nous-mêmes, nous vous conseillons donc de rester attentifs aux diplômes des moniteurs avec qui vous partagerez quelques moments en salle ou en falaise…