Le Décret qui liste les activités dites « en environnement spécifique » est sans aucun doute le texte de Loi qui structure le plus en profondeur les sports de nature, c’est aussi l’un des moins connus. Il faut dire qu’il porte sur le contrôle des organismes de formation en charge de faire passer les diplômes des futurs professionnels de ces activités. De prime abord, ce n’est pas le sujet le plus proche de la pratique... Et pourtant, les professionnels sont souvent ceux qui vont faire découvrir, transmettre et bien sûr assurer la sécurité, auprès de publics multiples : débutants ou confirmés, jeunes enfants ou séniors, au sein d’un club associatif ou d’un bureau commercial... Il est donc fondamental de se pencher sur la manière dont les moniteurs, actuels et futurs, sont et seront formés pour nos activités.
Mais que contient donc ce fameux Décret ? D’abord une définition de l’environnement spécifique, assez succincte : selon le texte de loi, il s'agit d'un milieu naturel dont le caractère imprévisible pose des problèmes de sécurité particuliers. Vient ensuite une liste de sports, dont le ski, l’alpinisme ou la plongée, par exemple ; mais aussi l’escalade, le canyoning et la spéléologie, pour ce qui nous concerne directement. Il convient de revenir plus précisément sur l’escalade, car contrairement aux autres, elle n’est que partiellement en environnement spécifique : les voies de plusieurs longueurs et les sites en terrains d’aventure sont les seuls à en faire partie. Il faut comprendre « terrain d’aventure » au sens strict du classement des sites, classement réalisé par la fédération délégataire de l’escalade, la FFME. Il suffit de se reporter à son site web pour savoir si un site est classé « terrain d’aventure » ou « sportif » : c’est assez simple, il n’y a que ces deux catégories !
Quelle est la conséquence de ce Décret pour les sports y figurant ? Considérant les enjeux de sécurité, l’État impose que les organismes de formation en charge des diplômes professionnels de ces activités soient placés sous son contrôle direct. Pour les trois activités qui nous concernent directement, ce sont donc les Centres de Ressources, d'Expertise et de Performance Sportives (CREPS) de Vallon-Pont-d’Arc, Montpellier et Aix-en-Provence, placés sous le contrôle du Ministère des Sports, qui dispensent les formations. Des équipes spécialisées, composées de formateurs fonctionnaires d’État, coordonnent ainsi des cursus d’un haut niveau technique, avec une grande stabilité dans le temps. Vous l’aurez compris, si l’environnement spécifique est une loi contraignante pour l’ensemble de la filière, c’est aussi un modèle qui a fait ses preuves pour former des professionnels très compétents. Dans des activités en plein développement, mais où le risque reste une réalité indéniable, c’est bien là l’essentiel !
Bertrand Lagrange